Maïwenn nique la polisse

Publié le par jeremienade

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Alors le voilà, le film qui a enthousiasmé Cannes. Ce fameux Prix du Jury qui a fait vibrer toute la croisette en racontant le quotidien de la Brigade de protection des mineurs (BPM). Je m'installe dans la salle impatient de découvrir le nouveau film de Maïwenn et là, c'est une déception.

Pas tout de suite, c'est vrai. Le générique rythmé par la musique de L'île aux enfants est prometteur. Et puis plus rien, le film ne démarre pas. L'idée de suivre la vie de la BPM était pourtant bonne mais durant la 1ère partie, Maïwenn ne nous en montre pratiquement rien. Elle préfère s'intéresser à la vie privée de ces flics, un aspect certes important mais qui n'aurait pas du primer sur l'histoire de la brigade. Le divorce du personnage de Karin Viard devient vite insupportable tout comme l'histoire d'amour entre Joeystarr et Maïwenn. C'est le principal problème du film alors que cela aurait du être son point fort, il oscille entre documentaire et fiction sans jamais trouver le ton juste. Le film ne démarre qu'au bout d'une heure. Enfin on rentre dans le sujet et l'on découvre les différents aspects de cette polisse pas comme les autres, les moments forts, les moments de tensions, les moments chiants. On commence enfin à s'attacher à ces flics mais il est trop tard.

 PolisseCar il reste d'autres problèmes. Le casting trop bling-bling gâche l'identification aux personnages et il aurait mieux fallu prendre des acteurs moins connus. Durant tout le film on ne voit que Joeystarr, Karin Viard, Jérémy Elkaïm, Marina Foïs ou Nicolas Duvauchelle et non de vrais policiers. Pareil lors de l'arrestation d'une mère indigne, on ne voit pas une maman ne sachant pas élever ses enfants mais seulement Audrey Lamy. De plus si les acteurs ne sont pas mauvais aucun ne livre une grande performance (Joeystarr ne fait que du Joeystarr). Les personnages sont également trop caricaturaux (le bleu, le beauf, la beurette, le râleur, etc) tandis que celui de Maïwenn (une photographe suivant la BPM) est totalement inutile. 

Une scène est très représentative du film : Joeystarr engueule Maïwenn qui ne cesse de le prendre en photo et lui dit qu'elle ne saisit pas les vrais aspects de leur travail. On a cette même impression durant tout le film de n'avoir qu'une vision limitée de la BPM, et parfois peu représentative. Ce ne sont pas des flics, juste quelques bobos jouant au gendarme et au violeur.

Polisse n'est pourtant pas dénué de qualités. Le film réserve quelques scènes extrèmement fortes émotionnellement. Il montre la difficulté d'un tel métier où l'on côtoie la violence quotidiennement sans pouvoir forcément faire quelque chose (le manque de moyens est bien mis en lumière). Maïwenn évite également de sombrer dans le pathos. Malgré quelques scènes difficiles, le film n'est jamais misérabiliste. Il manque seulement une réflexion sur le métier. Aucun personnages (si ce n'est celui de Marina foïs le temps d'une scène) ne se pose la question de savoir si ce qu'il fait est juste.

Pas vraiment raté mais pas totalement réussi, Polisse reste une déception. Un film au sujet ambitieux mais qui à cause de ses nombreuses faiblesses n'arrive pas à convaincre.

Polisse de Maïwenn Le besco, sorti le 19 octobre 2011, ma note 13/20.

Publié dans Critiques

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